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Tongres à l'époque Gallo-romaine
6 août 2005

I. Situation de la Gaule belgique avant la

I. Situation de la Gaule belgique avant la conquête romaine.

A. Point de vue géographique.image072

image1    

     Vers 58 av. J-C, la Gaule est une immense étendue de forêts, parfois supplantées par des marais, des déserts de sable ou de rochers. Les animaux et les hommes y évoluent en toute liberté.

     A cette époque, la Gaule est divisée en trois parties:
- la Gaule belgique s'étend entre la Mer du Nord, la Seine et la Marne. Y habitent quelque 500.000 belges répartis en une quinzaine de tribus dont les Morins, les Ménapiens, les Aduatiques,... et bien sûr les Eburons.
- la Gaule celtique désigne la France actuelle.
- la Gaule aquitaine occupe le sud de la France, entre la Garonne et les Pyrénées.

B. Point de vue social.

     La hiérarchie dans chaque tribu est subdivisée en quatre classes distinctes:
- le roi, plus tard nommé chef, est choisi parmi les chevaliers de la tribu. Pour célébrer cet évènement, un banquet est organisé. Seul le plus beau, le plus fort, le plus grand et le plus brave est élu.
- les druides "s'occupent des choses de la religion, ils président aux sacrifices publics et privés, règlent les pratiquent religieuses; les jeunes gens viennent en foule s'instruire auprès d'eux, et on les honore grandement (...). Les druides s'abstiennent habituellement d'aller  la guerre et ne paient pas d'impôts comme les autres; ils sont dispensés du service militaire et exempts de toute charge 1". Ils constituent une classe importante, dirigée par un chef absolu. Chaque année, à la même date, ils se réunissent dans la forêt des Carnutes.

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- les chevaliers ou nobles sont membres de l'aristocratie. Ils possèdent de grandes propriétés. Ils ont un grand rôle politique dans la communauté. Ils exercent aussi un pouvoir sur le peuple qui est écrasé par les impôts.
- Le peuple comprend les paysans et les artisans. Ceux-ci sont associés en coopérations. Ils constituent un groupe à part et doivent se lier à un noble pour être protégés. Les agriculteurs et cultivateurs sont rassemblés dans de grosses fermes ou dans des villages.

II. César arrive en Gaule belgique: la conquête.

     La conquête de la Gaule belgique débuta en 58 av. J-C, lorsque Jules César apprend, par ses espions, que les Belges complotent contre Rome. Les Belges, en effet, se concertent en vue d'une action préventive commune pour préserver leur territoire d'une éventuelle attaque romaine.

image014     L'enthousiasme des Belges pour prendre les armes et défendre leur liberté menacée est immense. César décide alors d'agir et se dirige vers la Gaule. Pour éviter que les peuples belges ne se rassemblent, il les combat isolément. D'abord, il s'occupe des Suessions qui capitulent en vingt-quatre heures et des Bellovaques qui choisissent de se rendre après négociations. Les Nerviens se révèlent être autrement redoutables. Ce sont des hommes rudes, d'une grande valeur guerrière, décidés à lutter. Le combat, mené dans la plus grande confusion par l'armée romaine, est finalement gagné grâce à la présence d'esprit et l'énergie de César. Pourtant, celui-ci rend hommage au courage des vaincus. Ensuite, les Aduatiques sont attaqués dans leur forteresse. Effrayés par les machines de guerre romaines, ils proposent de se rendre. "Lorsqu'ils virent que nous construisions au loin une tour (...) quand ils virent qu'elle se mouvait et approchait des murs,(...) ils envoyèrent à César des députés (...). Les députés rapportèrent à leur peuple ces conditions, ils vinrent dire qu'ils s'y soumettaient. Une grande quantité d'armes fut jetée du haut du mur dans le fossé qui était devant la place (...) les assiégés en avaient dissimulé environ un tiers²". Finalement, César remporte la victoire sur les Aduatiques. Après en avoir tué 7.000, il en fait vendre 53.000 en tant qu'esclaves. César entreprend alors de conquérir le territoire des Morins et des Ménapiens.

     Nous sommes alors en 56 av. J-C. Ne voulant pas finir comme les autres peuples gaulois,ils se retirent avec leurs familles et leurs biens dans les forêts et les marécages qui recouvrent leur territoire. Pendant que César et ses troupes construisent leur camp à la lisière de ces forêts, les belges "bondirent de toutes parts hors de la forêt et chargèrent les nôtres. Ceux-ci prirent rapidement les armes et les refoulèrent dans leur bois³". Par après, César entreprend la conquête de la Bretagne et passe le Rhin. Pendant ce temps, il laisse des troupes d'occupation en Gaule pour y maintenir la paix.

III. Ambiorix se soulève.

A. Qui est Ambiorix?

     En 54 av. J-C, la région de Tongres est occupée par la tribu gauloise des Eburons "dont la plus grande partie habite entre la Meuse et le Rhin 4". Cette tribu, d'origine germanique, est dirigée par deux rois; l'un se nomme Cativolcus et l'autre Ambiorix.

B. Ambiorix joue avec les Romains du début à la fin.

     En 54, César a laissé des légions en quartier d'hiver pour faire régner la paix chez divers peuples gaulois, dont les Eburons, avec à leur commandement, Sabinus et Cotta. Au début, les Romains sont bien accueillis par les Eburons. Ambiorix leur offre même le fort d'Attuatuca (endroit où se situe actuellement la ville de Tongres) et apporte des vivres jusqu'au quartier d'hiver établi dans la région. Mais, c'est évidemment une ruse de la part du roi des Eburons car quinze jours plus tard, il attaque le camp.

    C'est un échec total car, lors de l'assaut des Gaulois, les Romains ont eu le temps de s'emparer de leurs armes et de lâcher la cavalerie. Les Eburons reculent et demandent audience. Par une autre ruse, Ambiorix décide les Romains à quitter le camp. "On leur envoie pour cette entrevue Caïus Arpinéius, chevalier romain, ami de Quintus Titurius, et un certain Quintus Junius, Espagnol, qui avait déjà effectué plusieurs missions de César auprès d'Ambiorix. Celui-ci leur parla à peu près en ces termes: " (...) ils reconnaissait qu'il avait envers César de grandes obligations à cause des bienfaits qu'il avait reçus de lui (...). En ce qui concerne l'attaque du camp, il a agi contre son avis et contre sa volonté, il a été contraint par son peuple, car la nature de son pourvoir ne le soumet pas moins à la multitude qu'elle ne la soumet à lui. Et si la cité a pris les armes, c'est qu'elle n'a pu opposer de résistance à la soudaine conjuration des Gaulois. (...) Tous les quartiers d'hiver de César doivent être attaqués ce jour même, afin qu'une légion ne puisse porter secours à l'autre (...). Une troupe nombreuse de mercenaires germains avait passé le Rhin: elle serait là dans deux jours. A eux de voir s'ils veulent, avant que les peuples voisins s'en aperçoivent, faire sortir leurs troupes du camp et les conduire, soit auprès de Cicéron, soit auprès de Labiénus, qui sont l'un à environ cinquante milles, l'autre un peu plus loin. Pour lui, il promet, et sous serment, qu'il leur donnera libre passage sur son territoire 5". Après avoir hésité, les Romains s'excécutent. Évidemment, lors du passage de ceux-ci dans une vallée étroite, les Gaulois les assaillirent en les entourant, ce qui met les Romains dans une position fort désavantageuse pour combattre. En tout, deux légions romaines sont massacrées.

C. Disparition du roi des Eburons.

image012     Quand César prend connaissance des évènements, il envoie ses troupes attaquer les tribus alliées d'Ambiorix. Par la suite, il massacre les Eburons et saccage leurs fermes et leurs villages. César laisse aussi d'autres tribus gauloises et germaniques piller le pays des Eburons. "César envoie des messagers aux peuples voisins: il existe chez eux l'espoir du butin et appelle tout le monde au pillage des Eburons: il aimait mieux exposer aux dangers de cette guerre de forêts des Gaulois plutôt que des légionnaires, et il voulait que, en même temps qu'en punition d'un tel forfait, cette grande invasion anéantisse la race des Eburons et leur nom même. Des forces nombreuses accoururent bientôt de touts parts 6".

     Cativolcus, affaibli par l'âge et fatigué de la guerre, s'empoisonna avec de l'if. De son côté, Ambiorix réussit à échapper aux Romains. On le signala, avec quelques-uns de ses compagnons, dans la forêt ardennaise. Lorsque les Romains leur tombèrent dessus, Ambiorix s'enfuit pendant que ses amis se faisaient tuer pour le protéger. Il termina sa vie avec quatre de ses compagnons dont il ne se séparait jamais. Ainsi finit l'histoire d'Ambiorix, roi des Eburons.

IV. Organisation de la Gaule belgique après la conquête.

A. Organisation géographiques.

image0192     Après la conquête de la Gaule belgique par les Romains, les quinze tribus belges conservent leurs territoires qui se transforment en cités. Après la campagne de Germanie, Auguste rattache à la Belgique les terres conquises en Germanie sur la rive droite du Rhin. Cette "nouvelle Belgique" est alors partagée en provinces, elles-mêmes divisées en civitates. Ces civitates comprennent toutes un chef-lieu. La province Belgica Prima a comme capitale Trèves et n'occupe que la pointe du Luxembourg actuel. Par contre, la province Belgica Secunda est beaucoup plus grande. Elle occupe toute la partie Nord-Ouest de la Morins, des Ménapiens et des Nerviens. Les Tungri ont leur civitas en Germanie Inferior qui a comme capitale Cologne.

B. Organisation économique.

1. L'agriculture et l'élevage.

     Les grands propriétaires commencent à déboiser et à planter des arbres fruitiers inconnus jusqu'alors tels que les cerisiers, les poiriers, les pommiers, les pruniers,... On commence aussi à cultiver le lin en Morinie et les céréales en Hesbaye. "On moulut le blé dans des moulins actionnés par des ânes ou des chevaux et on cuisit le pain dans des fours en brique7".

     L'élevage se développe:
- en Morinie avec les oies;
- en Ménapie et en Nervie avec les cochons et les moutons;
- dans les pays des Tongres avec les chevaux.

2. L'industrie et le commerce.

     Ils se perfectionnent dans le domaine:
- du textile: les Morins tissent le lin qu'ils cultivent tandis que les Ménapiens et les Nerviens fabriquent du drap avec la laine de leurs moutons;
- de la sidérurgie;
- du bâtiment: les Romains apprirent aux Belges à construire des villae, maisons en brique et en pierre, pourvues d'un chauffage central à air chaud appelé hypocaustum;
- la verrerie se développe aussi.

     C'est surtout grâce aux routes romaines et à l'accroissement de la population que l'industrie et le commerce se développent rapidement.

C. Organisation sociale.

     La société gallo-romaine est divisée en trois classes sociales distinctes:
- les hommes libres qui sont les grands propriétaires et les marchands;
- les hommes semi-libres qui travaillent sur le domaine des précédents. Ils leurs doivent un impôt en nature et des corvées;
- les esclaves sont attachés à leurs terres et mènent une vie très dure.

     L'ensemble des découvertes archéologiques faites dans la région de Tongres témoigne de cette organisation nouvelle: la Belgique est devenue gallo-romaine.

1  César, Guerre des Gaules, VI, 13-14.
2 César, Guerre des Gaules, II, 30.
3 César, Guerre des Gaules, III, 28.
4 César, Guerre des Gaules, V, 24.
5 César, Guerre des Gaules, V, 27.
6 César, Guerre des Gaules, VI, 34.
7 Dorchy H., Histoire des Belges, Bruxelles, A. De Boeck, 1975, p.26.

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Commentaires
S
Bonjour Monsieur Guiot,<br /> <br /> Vous trouvez la réponse à votre question dans la table des illustrations: image 0192: la Gaule belgique après la conquête: Dorchy H., Histoire des Belges, Des origines jusqu'à 1975, Bruxelles, A De Boeck, 1975, P. 24.<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai construit ce blog en 2005, mais le travail de fond a été fait en 2000. Il s'agit de mon Travail de fin d'études en rhéto. Ce qui explique qu'il doit exister des différences entre les informations récoltées à l'époque et les informations disponibles aujourd'hui. <br /> <br /> <br /> <br /> Merci en tout cas des informations nouvelles que vous apportez et qui permettent au lecteur de creuser plus avant la question. Les recherches historiques continuent à nous en apprendre plus tous les jours, c'est important de le rappeler. En ces matières, rien n'est jamais figé.<br /> <br /> Bien à vous,<br /> <br /> Sandrine
D
Bonjour,<br /> <br /> Je souhaiterai connaître la source de votre document Image 0192. Ce document ne correspond pas à la vision des archéologues contemporains. En effet nous observons sur cette carte que le vicus de Liberchies se situe en dehors de la province de Germanie seconde et de ce fait n’est pas de la cité des Tongres. Ceci s’oppose aux théories actuelles qui soutiennent que cette agglomération est frontalière, mais belle et bien dépendante de la cité des Tongres. Cette représentation des provinces de la Gaule Belgique est donc une carte ancienne, antérieure aux cartes qui prévalent aujourd’hui et selon lesquelles, la limite entre les civitates des Tongres et des Nerviens se situait bien plus à l’ouest et correspondrait à la limite extrême connue dans cette direction du diocèse de Liège, dont le chef-lieu était anciennement Tongres. De même, pour des raisons sans doute analogue, le chef-lieu de la cité des Nerviens, Bavais fut déplacé vers l’ouest à Cambrais. Mais la frontière serait restée étrangement inchangée. Mon intérêt pour cette carte provient du fait qu’elle correspond pourtant parfaitement à celle que j’ai établis suite à mes recherches. Je souhaiterais donc connaître le contexte de sa publication d’origine. <br /> <br /> Bien à vous, D. Guiot.
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